Cours n°1 : Généralités sur le marketing international
1. Marketing et marketing international _ les différences
Le concept de base et l’esprit marketing. Qu’il soit international ou local le marketing reste identique dans ses fondements. Au plan international, la démarche marketing demeure plus complexe.
Le marketing international se distingue du marketing national (domestique) par le fait qu’il interprète des variables plus nombreuses et plus complexes (particularités socioculturelles). Ce qui implique un état d’esprit particulier des managers qui se traduit par :
Ø La tolérance et l’acceptation de des différences socioculturelles ;
Ø Une forte capacité à appréhender et anticiper les évolutions sociologiques ;
Ø L’innovation sans cesse à la recherche de nouveaux concepts et de nouvelles formules;
Ø L’utilisation des outils d’observation et d’analyse des marchés étrangers.
Si le marketing international se distingue du marketing local par l’éclectisme (variété) qu’il exige, il s’en distingue aussi par sa difficulté de mise en œuvre. En effet :
Ø Leur mise en œuvre est complexe, surtout pour les études quantitatives ;
Ø Leur coût est très élevé ;
Ø Il est difficile de vérifier leur rentabilité ;
Ø La culture managériale des entreprises locales est plus centrée sur le négoce que sur le marketing ;
Ø Certaines règles ou coutumes interdisent de recourir à des outils de marketing.
2. Définition du marketing international :
Le marketing international est « un processus qui vise à optimiser les ressources et axer les objectifs d’une organisation à travers les opportunités d’un marché global » ;
Ou d’une façon plus limitative, « c’est l’exécution au moins d’une des taches du marketing, au-delà des frontières nationales ».
Le marketing s’inscrit à l’intérieur d’une mondialisation de certains secteurs économiques. Son application est « à géométrie variable », c’est-à-dire qu’elle est fonction de l’uniformisation mondiale de l’offre, d’une part, et de la demande, d’autre part.
3. Les objectifs du marketing international
Parmi les plus importants, on peut retenir les quatre principaux objectifs suivants :
1) permettre à l’entreprise de conserver sa place sur les marchés étrangers ou sur les segments internationaux qu’elle occupe en tenant compte de la pente annuelle du marché.
2) permettre de progresser sur les différents marchés étrangers sur lesquels elle opère.
3) repérer de nouveaux marchés, des micro-segments (niches) sur le marché actuels de l’entreprise ou sur de nouveau marchés étrangers.
4) identifier et valider de nouveaux concepts de produits susceptibles de trouver de larges débouchés sur le marché mondial.
4. Les fonctions du marketing international
Le marketing international recouvre les fonctions suivantes :
· repérer les marchés dont le potentiel, les facilités d’approche et les coûts de pénétration sont en rapport avec la taille et le savoir faire export de l’entreprise (diagnostic export) ;
· appréhender la psychosociologie liée à l’achat et à la consommation ;
· analyser la position des concurrents ;
· repérer les niches éventuelles en rapport avec les spécialités du métier ;
· arrêter une politique de pénétration (solo / partenariat, commerciale et ou industrielle, croisée ou non) ;
· déterminer la politique de produit et de gamme
· fixer les objectifs commerciaux en quantité, valeur (CA et marge) par marché, par segment, par gamme ;
· déterminer les enveloppes budgétaires de soutien aux ventes par marché/segment, produit, ainsi que leurs ventilations éventuelles en valeurs ;
· programmer des actions de tactiques auprès des concurrents.
5. Spécificités du MKG International
La démarche MKG international n’est nullement en rupture avec celle du MKG général (étapes de connaissance de marché, le mix)
Trois raisons expliquent cette spécificité. :
1) L’entreprise exportatrice doit composer avec un environnement politique et réglementaire très actifs. Par ça recette en devise l’entreprise devient un atout dans la politique économique national, les pouvoirs publics se mobilisent pour accompagner les entreprises dans leur difficile expansion internationale.
2) La diversité des marchés abordés en MKG International exige des méthodes et une organisation spécifiques.
Un consommateur universel : (n’existe pas ou doit adapter divers politiques) et le produit universel non plus. Les techniques de commercialisation (négociation, choix et animation des distributeurs, communication. Les environnements politico-économique et socioculturel des marchés étrangers sont des sources de différenciation très importantes.
Une telle diversité entraîne de fortes exigences au niveau de l’organisation de l’entreprise et de son mode de fonctionnement: Mise en place d’un système d’observation de l’ensemble des marchés afin d’identifier et de prendre en compte les spécificités de chaque marché.
Grande réactivité à ces commandes spécifiques, ce qui suppose beaucoup de souplesse au niveau de la production et de l’administration.
3) Le MKG international débouche sur la mise en œuvre des techniques du commerce international.
Celles-ci ne font pas explicitement partie du MKG mais elles en sont le prolongement et lui sont directement liées.
La liste des principales rubriques de techniques de commerce international :
- Transports internationaux
- Douanes
- Financement des exportations
- Couverture des risques du C.I
- Problèmes juridiques internationaux
- Fiscalité international.
6. Opportunités et risques du développement marketing international
L’analyse de l’environnement est essentielle pour comprendre les macro tendances qui affectent les décisions de pénétrations et d’expansion des marchés étrangers mais le vrai but de l’analyse externe est surtout de conduire à une phase de diagnostic externe qui doit faire état des principales opportunités offertes et des principaux risques générés par le développement international de l’entreprise.
6.1. L’ouverture d’un large champ d’opportunités
Le développement international de l’entreprise répond à la poursuite d’une large variété d’objectifs qui complique la classification des motivations de cet engagement.
Les motivations des entreprises combinent souvent plusieurs rationalités :
L’exploitation d’opportunités commerciales (marché) ;
Recherche d’opportunités de nature industrielle (diminution des coûts)
Recherche d’opportunités de nature socioculturelle (segment dont les besoins sont identiques pour bénéficier d’économie d’échelle),
Recherche d’opportunités de nature juridique (conditions fiscales),
a- exploiter la déréglementation des marchés
La dynamique de décloisonnement politico - réglementaire conduit à l’assouplissent des règles de la concurrence dans de nombreux secteurs traditionnellement nationalisées ou protégés.
b - Rechercher la croissance
c - Réaliser des économies d’échelle
Des cibles transnationales apparaissent aux besoins suffisamment homogènes pour être susceptibles d’être satisfaits de manière relativement standardisée. Là se trouve l’un des arguments fondateurs de la démarche de marketing international : la possibilité de s’appuyer sur les similarités pour réaliser des économies d’échelle importantes sur des volumes d’affaires supérieurs, tant au niveau de la production que du marketing pratiqué de façon standard. Exemple du désigner - distributeur Suédois Ikea, un avantage concurrentiel du prix de moins de 30% grâce à la standardisation.
d - Prolonger le cycle de vie international
La théorie du cycle de vie international du produit introduite par Vernon en 1966 permet d’expliquer comment des produits sont élaborés dans un pays puis réexportés, pour ensuite se déplacer vers d’autres pays de production et d’exportation du fait de l’évolution de la production, de la concurrence et de la demande.
Exemple : internationalisation de la grande distribution par l’exportation de la formule de l’hypermarché à la française en Amérique latine en Europe du Sud et en Asie et Hard Discount allemand en Amérique et en Europe.
e - Développer des avantages concurrentiels
Ø Parmi les principaux avantages concurrentiels que déploient les entreprises internationales sur les marchés étrangers, on peut citer : La maîtrise des coûts les plus bas ;
Ø La technologie (le savoir faire) ;
Ø Les ressources financières ;
Ø Les hommes et leur compétences : savoir, savoir être, savoir-faire ;
Ø Les méthodes de management modernes ;
Ø Les ressources marketing (les marchés et leur exploitation dans une perspective synergique, la proximité…)
Ø Les réseaux mondiaux ;
Ø Le temps (stratégie de pionnier).
- Enrichir ses compétences organisationnelles et managériales
- Mieux répartir les risques dans l’espace
L’internationalisation de l’activité marketing de l’entreprise permet de réduire les principaux risques de l’activité par une meilleure répartition géographique de l’offre (couple produit -marché/pays).
6.2 : Des risques à maîtriser
En contre partie de cette large palette d’opportunités qu’offre l’environnement international, il représente des risques spécifiques liés à l’activité de l’entreprise. Nous évoquerons cinq risques majeurs indissociables du développement marketing international :
a- Le risque commercial international
C’est un risque lié à un paiement non réalisé qui peut résulter de diverses sources et remettre en cause la pérennité de l’entreprise.
Les sources et les conséquences du risque commercial
Les risques clients mesurés par le taux d’impayés varient beaucoup en fonction des secteurs d’activité, des régions et des pays. On distingue les catégories de déterminants suivants :
Le risque lié aux caractéristiques de l’acheteur : localisation géographique, ancienneté de la relation acheteur - vendeur, le nombre d’incidents de paiements…
Le risque lié aux caractéristiques du marché et notamment à un potentiel qui se révèle insuffisant. (Le risque peut être considéré comme en partie liée aux études marketing réalisées en amont de la décision de pénétration du marché étranger)
Le risque lié aux échanges négociés du paiement : plus le délai de crédit est long, plus l’intensité du risque augmente. Délais de paiement au : Japon 180 jours, USA 30 jours, Finlande 19 jours, Grèce 75 jours, Espagne 68 jours.
b - Le risque politique
Le risque politique est une notion complexe multifactorielle. Les gouvernements ont à leur disposition toute une gamme de moyens possibles, des plus ordinaires aux plus menaçants, pour favoriser ou défavoriser la présence étrangère sur leur territoire. La plus importante des conditions politiques est la stabilité ou l’instabilité des politiques gouvernementales.
En outre, en admet que le risque politique résulte de l’impact de facteurs d’environnement (composition démographique, les divisions linguistiques et religieuses, les nationalismes armés….)
c- Le risque de change
La vente internationale d’une offre ou service par un exportateur s’effectue en échange d’un paiement de l’importateur. Ainsi, la transaction n’est pas terminée une fois le produit livré, mais une fois le paiement effectué.
Explication du risque
Le risque de change se définit comme le risque lié à l’appréciation d’une devise dans laquelle on paie le fournisseur étranger, et/ou à la dépréciation d’une devise dans laquelle on est payé par un acheteur étranger.
- Le risque de change comptable qui existe entre le taux au comptant futur et le taux en comptant actuel, risque de devoir débourser plus de devise nationale pour un acheteur (et de devoir recevoir moins de devise nationale pour un vendeur) qu’il n’était contractuellement enregistré. C’est la composante du risque la plus communément utilisé.
- Le risque de change en opportunité qui existe entre le taux comptant futur et le taux à terme, risque de perdre en « opportunité » en achetant des devises à terme plus cher qu’en se couvrant au comptant.
d - Le risque juridique international
Le risque juridique est le risque lié à l’hétérogénéité de l’environnement juridique international dans lequel il n’existe pas, pour l’entreprise qui exerce ses activités dans plusieurs pays, de loi ou de juridictions supranationales qui lui permettraient d’évoluer dans un cadre juridique unifié.
e - Le risque culturel
C’est le risque lié au Self Reference Criterion (SRC), qui se manifeste dans nos prises de décision et identifié comme l’obstacle premier au succès des opérations internationales.
Le risque culturel est le risque d’ethnocentrisme dans l’analyse et dans l’action managériale internationale. C’est le risque le plus souvent inconscient de croire que « ce qui est bon pour soi est bon pour les autres », que « ce qui vrai chez soi est vrai partout », que « ce qui marche chez soi marchera forcément ailleurs ».
L’ethnocentrisme en affaires internationales
Il est utile de rappeler que le SRC est au cœur de l’analyse des phénomènes de marketing car les principaux outils intellectuels du marketing (vocabulaire, sources d’information et de réflexion) sont largement d’origine nord-américaine. Et les théories du marketing, pas plus que celles du management au sens large, n’échappent pas à l’a priori d’une valorisation culturelle de la société par qui et pour qui elles ont été initialement produites.
La prise en compte du risque culturel
Pour minimiser le risque culturel, il est recommandé d’identifier le SRC par comparaison entre le problème ou la situation définis en termes de traits culturels dans la culture du pays d’origine et dans celle du pays hôte.
- Enseignant: Lydia Madiou
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